Te souviens-tu du printemps où nous nous sommes rencontrés ? Tu avais fait une chute à bicyclette en revenant du marché. J’étais arrivé juste après, par chance. Tu avais dû déraper sur les gravillons, tu étais tombée assez rudement sur le bas-côté herbu. Tu étais si jolie dans ta robe d’été, assise parmi les œillets et les verges d’or. Je t’avais aidée à remettre dans ton panier les légumes répandus sur la chaussée, poireaux, carottes et oignons. Ta cheville était un peu enflée, nous n’avions rien pour la bander. L’orage menaçait, les martinets faisaient du rase-motte. Nous avions dissimulé ton vélo dans les buissons et je t’avais ramenée chez toi.
Tu m’avais offert du thé de Chine. Je t’avais parlé de mon travail de sculpteur, des difficultés à boucler les fins de mois pour celui qui vit dans l’attente d’hypothétiques commandes ou de bourses octroyées chichement, mais aussi de mon enthousiasme à l’idée de l’érection prochaine d’un monument à la gloire du marquis de Sade dans son fief de Lacoste. Privilège rare, ta chatte siamoise ronronnait sur mes genoux. Comment en étions-nous arrivés à parler de ton goût pour la fessée ? Mais ça, c’est une autre histoire.
3 réponses sur « Solidago »
Bien joué !
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Pareil: well done. J’ai du m’y reprendre à deux fois pour retrouver les mots de la contrainte. Vraiment très habiles, ces subtilités de langage. Bravo, Nicolas. Et au plaisir renouvelé de vous lire.
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Superbe texte printanier,
avec de nombreux mots à double sens.
J’adore cette belle rencontre.
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